Bégaiement et emploi

 

Bégaiement et choix professionnels

 

Ne restreignez pas d’emblée vos projets professionnels à cause du bégaiement !

Avocat, médecin, comédien, enseignant, manager, homme politique (président !) : beaucoup de personnes qui bégaient ont une excellente communication orale et exercent des métiers où la parole a une grande importance.

Recherche d’emploi

Vous êtes en recherche d’emploi, en reconversion, étudiant ? Faites-vous accompagner gratuitement et dans la durée par l’association SNC – Solidarités Nouvelles face au Chômage !

 

Pour en bénéficier, vous pouvez joindre l’antenne SNC la plus proche de chez vous via leur site internet snc.asso.fr ou du lundi au vendredi, via leur numéro vert gratuit : 0 805 034 844.
L’association SNC propose son action dans la France entière, grâce à un réseau de 2 400 bénévoles répartis dans 200 groupes locaux.
Dans le cadre du partenariat avec l’APB, un accompagnement à distance des personnes qui bégaient basées en Suisse est également possible (grâce à deux années d’expérience de télé-accompagnement durant la crise Covid-19).
Active depuis 1985, SNC est indépendante de tout parti politique et de toute confession religieuse. De plus, SNC ne perçoit pas de subventions de l’État et s’appuie sur le soutien de donateurs particuliers et de personnes morales.
Depuis juin 2022, l’APB et l’association SNC sont en partenariat pour proposer aux personnes qui bégaient les services offerts par SNC, et pour sensibiliser les bénévoles de SNC au bégaiement. »

 

Attitudes recommandées lors d’un entretien d’embauche lorsqu’on bégaie

Clarifier ses compétences selon le poste demandé et en lien avec le bégaiement :
Beaucoup d’idées reçues peuvent être associées au bégaiement qui est globalement considéré comme un frein à l’efficacité professionnelle : moins bonne communication, difficulté à s’intégrer dans une équipe, mauvaise image donnée à l’extérieur de l’entreprise, etc. Dans la pratique, comme pour les personnes qui ne bégaient pas, cela dépend des compétences de chacun, il est donc très important de clarifier lors de l’entretien les éventuelles implications que peut avoir le bégaiement – ou non ! – sur la réalisation des missions du poste.
Par exemple, si le poste peut amener à avoir beaucoup d’interaction orales, le candidat doit être honnête avec le recruteur sur l’impact éventuel du bégaiement sur ses capacités dans le contexte du poste visé. Ex: « Je bégaie parfois, mais je me sens tout à fait capable de mener à bien cette mission, y compris les enjeux liés à la communication » ou bien « Je me sens à l’aise pour ce poste, cependant pour les présentations orales devant un groupe j’aurai besoin d’aménagements en raison du fait que je bégaie ».
Si certaines difficultés de communication existent (par exemple dans l’usage du téléphone, ou bien face à un groupe), il est également important d’en parler.
Cette clarification en lien avec le bégaiement permet d’instaurer un climat de confiance, et d’éviter d’éventuelles discriminations ou incompréhensions.
Il est à noter que, selon la sévérité du bégaiement, il peut exister des incompatibilités avec certaines professions, en lien avec la sécurité par exemple (ex: pilote de ligne ou contrôleur aérien).

Apaiser l’échange en parlant du bégaiement :
Le bégaiement fond au soleil !
Le mentionner au début de l’entretien permet de faire baisser la pression entre les interlocuteurs et de rendre l’échange plus sincère et parfois plus fluide. Par exemple : « Avant de commencer je voudrais vous dire que je bégaie donc ne vous étonnez pas si je butte sur certains mots ». A l’inverse, vouloir dissimuler votre bégaiement peut rendre l’échange plus crispé.

Qualités liées au bégaiement :
Le bégaiement peut aussi développer des qualités telles que la finesse de communication, la résilience, la détermination, etc. Le candidat qui bégaie ne doit pas hésiter à mentionner celles qui sont pertinentes pour lui !
Lorsque des bégayages arrivent, vous pourrez avoir tendance à vous focaliser sur votre bégaiement et à oublier le recruteur. Conserver une bonne qualité d’écoute, et maintenir au maximum le contact visuel est indispensable à un bon échange.

Reconnaissance de la Qualité de Travailleur Handicapé (RQTH)

Le bégaiement peut-être plus ou moins handicapant selon les personnes et selon les moments.
Officiellement le bégaiement peut être reconnu comme un handicap.
L’obtention de la RQTH a plusieurs intérêts : elle permet notamment de pouvoir être accompagné par des soutiens spécifiques à l’emploi (par exemple le réseau Cap Emploi et l’Agefiph), de doubler la période du préavis en cas de licenciement, de bénéficier d’aménagements d’horaires pour rendez-vous thérapeutiques, etc. De plus, les employeurs sont incités à employer des personnes ayant une RQTH : les entreprises de 20 salariés et plus doivent payer une contribution financière si leur taux d’emploi de personnes ayant une RQTH est inférieur à 6%.
Pour obtenir le statut il faut un dossier médical accompagnant la demande de Reconnaissance Qualité de Travailleur Handicapé, composé de l’avis du médecin généraliste ainsi que d’un bilan orthophonique (qui peut être prescrit par le médecin généraliste). Le dossier est à transmettre à la Maison Départementale des Personnes Handicapées (MDPH) dont les délais de réponse sont variables, mais de façon générale assez longs (plusieurs mois).
Si vous avez un emploi et que vous souhaitez demander un aménagement de poste de travail, il existe dans de nombreux départements une procédure accélérée de demande de RQTH, à faire en lien avec le médecin du travail.

Le handicap au travail : plus d’infos sur https://handicapossible.com/

Discrimination

Dans le cadre de la recherche d’emploi, les discriminations à cause du bégaiement peuvent exister, en raison des idées reçues. Aussi, il est très fortement conseillé à la personne qui bégaie d’expliciter sa capacité à bien communiquer et à répondre aux enjeux du poste « malgré » son bégaiement.
Si une personne qui bégaie pense avoir été victime de discrimination dans l’obtention d’un travail il existe des recours au civil et au pénal.

 

Le bégaiement au travail

Le bégaiement peut être source de souffrance pour la personne qui bégaie au travail.
Voici plusieurs conseils :

  • ne pas hésiter à en parler à ses collègues pour briser la glace et souvent réduire l’anxiété liée au fait de parler
  • en parler à son responsable hiérarchique
  • ne pas hésiter si nécessaire à demander des aménagements éventuels, (par exemple toujours être prévenu en amont des présentations orales ou des contacts avec les clients externes)

Si vous en ressentez le besoin contactez un.e thérapeute pour vous accompagner.

 

Pour les employeurs/recruteurs

Quand on est un employeur face à quelqu’un qui bégaie, il n’est pas toujours facile de savoir à quoi s’en tenir. Le bégaiement est encore insuffisamment connu et certaines idées fausses peuvent entraîner des conduites dommageables comme le refus d’un candidat à un poste du fait de son bégaiement. Il arrive que soit alors invoquée une incompatibilité avec le poste qui demande des compétences en communication orale déniées aux personnes bègues : animer une réunion, répondre au téléphone, être à l’accueil, etc. Or les personnes bègues, peut-être du fait de leur difficulté de parole, aiment communiquer et sont souvent performantes dans ce genre de tâche.
Ceci n’est pas évident pour un recruteur non averti de ce qu’est le bégaiement de savoir à quoi s’en tenir face à quelqu’un qui bégaie. Ceci est d’autant plus difficile que les situations d’embauche peuvent provoquer une augmentation du trouble – comme généralement toute situation où l’on est susceptible d’être jugé, en particulier sur sa capacité à s’exprimer.

Parmi les autres présupposés erronés, est fréquemment évoquée l’idée que quelqu’un qui bégaie manque d’assurance, qu’il est anxieux, timide… Il est dommage d’assimiler une parole trébuchante à une personnalité hésitante. On pourrait même dire que c’est le plus souvent l’inverse. Vivre avec un bégaiement demande beaucoup d’énergie et de persévérance, et ces qualités s’avèrent un atout considérable dans le cadre professionnel.

Il est également difficile de percevoir l’un des aspects essentiels du bégaiement et le plus surprenant qui est le caractère fluctuant du trouble. Il est ainsi logique de penser que les métiers où intervient la parole – enseignant, avocat, etc. – sont impossibles. Or, de même qu’un certain nombre d’acteurs bégaient dans la « vraie vie », mais pas sur scène, de nombreuses personnes bégaient moins voire très peu lorsqu’elles sont dans un cadre professionnel – où elles jouent un rôle social.
A cela s’ajoute l’attitude de la personne qui bégaie qui tente généralement de cacher son trouble, ce qui ne fait qu’augmenter le malaise. Lorsque les personnes bègues parviennent à en parler, elles peuvent alors expliquer ce qui est susceptible de les gêner ou non par rapport à l’emploi proposé.

Il est important pour un employeur de ne pas s’arrêter à des a priori très dommageables. Pouvoir échanger autour du bégaiement avec le candidat est un premier pas indispensable surtout lorsque le bégaiement est très présent au moment de l’entretien. C’est l’occasion pour la personne bègue de dire ce qui lui est possible ou difficile, d’évoquer une prise en charge orthophonique éventuelle qui lui permet par exemple d’améliorer sa maîtrise du téléphone, etc.. L’employeur sera surpris du changement qui survient lorsqu’une relation de confiance s’établit. Si la personne qui bégaie n’en parle pas d’elle même, il est tout à fait possible d’évoquer le sujet : « J’ai noté que vous bloquez sur / répétez certains mots, s’agit-il d’un bégaiement et si oui est-ce que vous estimez que cela peut avoir un impact ou non sur la bonne réalisation des missions du poste ? »

Il arrive souvent, hélas, que les choses ne soient pas dites et que le bégaiement fasse pencher la balance du mauvais côté. Le candidat est refusé sans qu’il en sache la raison. Même si ce n’est pas toujours le bégaiement la cause principale du refus, il attribue à son trouble une grande partie de la responsabilité et pour peu que cela se reproduise plusieurs fois, il développe des sentiments négatifs qui contribuent à lui faire perdre confiance en lui. Il peut être difficile de sortir de cet engrenage.

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